Légende sur la fondation de la ville de Guîtres
EUDE fils naturel, (petit fils de Caribert, roi de Paris (561.567), d’un roi des Francs), gouverna à la mort de son père jusqu’à la majorité de son frère, fils légitime à qui il abandonna le trône.
Il quitta Lutèce avec d’immenses trésors, accompagné d’une suite nombreuse de seigneurs et de gens de guerre.

La beauté du paysage, les sites pittoresques qui entouraient le mamelon où fut construit la ville de Guîtres lui produisirent une telle impression qu’il ordonna sur le champs la construction d’une ville magnifique entourée de hautes murailles flanquées de tours avec son palais, chapelle et autres monuments.

Ces importantes constructions furent détruites après sa mort par les Goths et les Normands, et les débris restèrent abandonnés pendant plusieurs siècles ; l’Abbaye de Guîtres ayant été fondée au commencement du XIIè siècle (3), c’est donc de cette époque que parait daté le bas-relief de la visitation.

Cette pierre restée, avec les ruines des monuments mérovingiens fut remployée dans les maçonneries de l’église lors de sa construction ; elle sert actuellement de support à la sablière de la magnifique charpente du XVè siècle qui couvre cet édifice.

Ces dimensions sont les suivantes : hauteur 0.50 ; largeur 0.30 ; épaisseur 0.25 ; calcaire très dur.

Les nécessités de la construction ne m’ont pas encore permis de faire enlever la pierre, mais j’ai tenu à vous soumettre la reproduction de cette oeuvre qui pique par plusieurs points la curiosité des archéologues et soulève des problèmes dont nous aurons un jour la solution.

(3) Guinodie attribue, premier abbé, la fondation de l’abbaye de Guîtres (1108) – histoire de Libourne, Tome III, P 311.
Historique de l'Abbatiale "Notre Dame de Guîtres"
(Monument historique depuis le 2 septembre 1901)

l’abbaye de Guîtres dépendant de l’ordre de Cluny fut fondée à l’époque romane. Il ne subsiste aujourd’hui que cette grande église abbatiale qui date du XIème s, c’est donc l’église d’une abbaye de moines bénédictins. Le patrimoine religieux était régenté par un abbé prieur (religieux). Il vivait dans ce monastère de 4 à 14 moines.
Il ne nous reste malheureusement que quelques traces de cette abbaye qui aurait été construite entre 1060 et 1070 sur les ruines d’une ancienne église détruite par le feu des Normands (879.892).
Cette église a été construite à l’époque des bâtisseur au XIème siècle ce qui lui donne des qualités acoustiques comme on retrouve dans toute ces constructions du XIè s et XIIè s où les religieux développaient le chant choral.

C’est une église orientée : son chevet est tourné vers l’est, donc la façade occidentale est tournée vers l’ouest.
Elle fut construite par tranche sur quatre siècles d’où le changement d’architecture.

Ses dimensions : 57.60m de long, 15.8 de large et 17m de haut.

Guîtres était une ville frontière au moyen age.
Ici, c’est le pays Gabaye et de l’autre côté de la rivière, c’est la Guyenne qui commence. Il fallait franchir cette rivière (l’Isle) et il y avait des sous à gagner et les religieux n’étaient pas les derniers à faire payer un octroi pour franchir cette rivière (hommes, animaux, marchandises).

Nous sommes sur les chemins de St Jacques de Compostelle, nous sommes ici en terre de mission. La terre de Saintonge est très riche en pèlerins et beaucoup se sont fait enterrer dans cette abbatiale. A l’intérieur vous trouverez une plaque où s’élevait l’autel de la confrérie des pèlerins de St jacques de Guîtres.
Visite extérieur
  1. La place des tilleuls (site classé) qui a été entièrement refaite (1996.99) identique à son passé, les tilleuls défaillants ont été remplacés et les rue de desserte traitées à l’ancienne.
    Une particularité : l’éclairage au gaz comme à Sarlat a été installé devant le grand portail.
    Ici n’existait pas de route
    Que de fêtes ont eu lieu à cet endroit, le violoneux Gabaye faisait danser les générations des troubadours.
  2. Le grand portail saintongeais (façade occidentale) dans sa partie inférieur du XIII ème fut remise en état vers 1846 et restaurée en 1987 puis totalement en 1994, à cette occasion la girouette est refaite à l’identique, sa mise en place permet de renouveler la tradition ancestrale de la fête du coq.
    C’est un grand portail saintongeais, le pays de Saintonge étant à 9 km d’ici.
    La porte est à linteau droit, avec 6 archivoltes en plein centre et flanquée de deux portes feintes. Au-dessus se situe une galerie dominée par un important pignon daté du XVème seulement percé d’une fenêtre ogivale triple, ornée de cul-de-lampe à tête humaine. Deux oculus allège les côtés et éclairent l’intérieur de l’entrée.
    Un très beau cordon orné de feuillage et d’étoiles forme bague autour de la colonne.
  3. Façade Nord : De l’autre côté, sur le flanc Nord, un cimetière longeait l’église, des glissements de terrains ainsi que la présence d’un cimetière à cet endroit ont fait que, pendant plusieurs siècles, le tiers inférieur nord était enterré, comme on peut encore en juger au portail roman. C’est en 1848/1851 que ce cimetière est transféré hors de la ville ; ce qui permit le percement de la rue de l’Abbaye.
    C’est en 1965/1968 que l’on doit la création du promenoir pavé qui permit de remettre en service la porte polylobée qui était utilisée par les pèlerins de Compostelle afin de se rendre à l’autel St Jacques de Compostelle qui se trouvait en face à l’intérieur de l’église.
  4. Portail façade nord : Premier portail en arc brisé avec deux archivoltes ogivales, du XIIIème siècle semble avoir été muré. A moins que selon certains, il ne s’agisse pas d’un portail mais d’un enfeu surmontant une sépulture.Les trois premières fenêtres sont gothiques. Deux sont murées.
  5. Porte polylobée : Le second portail du XIIIème aussi est lui à voussures polylobées caractéristique du style « mauresque » introduit d’Espagne en France par les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Ce type de portail est assez fréquent dans nos régions. La première église devait s’arrêter à cet alignement. Au dessus de cette niche renferme un bas relief roman très mutilé (un personnage assis avec les jambes et les pieds nus).
  6. Pierre tumulaire : Dans le fossé un fragment de pierre tumulaire (relatif au tombeau) encastré avec cette épitaphe incomplète : « le 14ème jour des calendes de juillet mourut Arnaud d’un bon naturel, fils du maître de cette œuvre. »
  7. Portail Nord : Le troisième portail roman nord est d’une grande richesse, de pur style roman, elle est accostée de 2 portes feintes et surmontée de trois archivoltes aux cordons ornés de têtes humaines représentant les 7 pêchers capitaux (envie, colère, gourmandise, luxure, orgueil, paresse, mensonge).Les oiseaux perchés sur des quadrupèdes ornant l’un des chapiteaux, sont d’origine orientale. Remarquez à l’angle à droite un chapiteau gallo-romain en marbre gris.
  8. L'abside : Les parties les plus anciennes remontant au XIIème siècle sont la façade nord du transept, le chevet à déambulatoire et les chapelles rayonnantes. La sacristie enlevée lors de la rénovation du chœur et qui se trouvait en partie nord du chevet fut construite en 1704. L’abside comprend les trois absidioles des chapelles du chevet ainsi que celles des deux chapelles de bras de transept.
    La grande abside est couronnée d’une corniche, les petites sont entourées d’arcatures.
    Le mur supérieur, au-dessus des chapelles, a été exhaussé et percé de meurtrières au temps des guerres de religions. On y voit encore des traces de projectiles. le mur du chavet est couronné sous les combles, d’une corniche très bien conservée
  9. Le Clocher (sur le bras nord du transept)
    Non classé, il comporte 2 cloches qui ont nécessité un renforcement interne de la structure bâtie tant les vibrations de fonctionnement devenaient inquiétantes pour la sécurité de l’ensemble de la
    construction. Construit en 1950, la charpente est en chêne établie en forme de pavillon et recouvert de tuiles plates
  10. La façade sud est presque entièrement cachée par les maisons bordant la rue du prieuré.
    En définitive elles ont pris la place des anciens bâtiments conventuels ou ce qu’il en restait à la révolution de 1789. il faut préciser que la première d’entre elle est accolée à l’extrémité du bras droit du transept. Elle se trouve à l’emplacement de l’ancienne maison du prieur qui malheureusement n’a pas survécue aux affres du temps et au génie malfaisant de l’homme qui trouve son exutoire au cour de certaines périodes de désordres. La seconde présente dans son jardin des vestiges évocateurs de l’ancien cloître d’ailleurs quelques corbeaux de la façade sud révèlent l’ancienne présence des bâtiments conventuels qui s’appuyaient sur cette façade et dont rien ne subsiste.
  11. La toiture : Celle de la nef a été refaite en totalité il y a peu d’années à l’ancienne avec des tuiles minutieusement récupérées. Par sa forte pente, son ampleur, elle impressionne le visiteur, elle fait partie du quotidien symbolique du résident.
    Celles de la croisée du transept et du chevet plus traditionnelles dans leur aspect demandent réparations.
    La caisse des Monuments Historiques, sous la responsabilité de Monsieur Goutal, a établi un dossier fort complet dont l’importance et l’intérêt n’ont pas échappé à Monsieur le Conservateur Régional des Affaires Culturelles à Bordeaux.

Visite Intérieur

L’impression ressentie, à l’entrée de l’église, est donc saisissante. Le visiteur surplombe la nef et le chœur, dimension, simplicité bénédictine, majesté, unité, ordonnancement frappent immédiatement le regard qui domine le vaste édifice du haut des quinze marches du grand escalier récemment refait et qui y donne accès.
Construite en forme de croix latine, elle se compose
- d’une nef centrale de six travées (portion comprise entre deux supports, renforts ou piliers)
- avec deux nefs latérales ou bas côté
- un transept à chevet droit (galerie qui sépare le chœur de la grande nef et qui forme le bras de la croix).
- D’un chœur entouré d’un déambulatoire (galerie de circulation qui entoure le chœur).
L’ensemble exceptionnellement beau voire émouvant a été détaillé dans la vie de l’abbatiale à travers les siècles.

  1. LES PILIERS engagés dans les angles SUD-OUEST (2) et Nord-ouest (3) sont du XIIIème siècle.
    Le chapiteau du pilier nord est à feuilles recourbées.
    Le chapiteau sud avec des personnages à têtes humaines. (Les cavaliers de l’apocalypse).Les quatre premiers piliers de la nef ont été renforcés par des demi-colonnes engagées ou des fûts de pitchpin recouverts de stuc en 1839, lors de la restauration au cour de laquelle on construisit les quatre travées les plus proches de l’entrées.
  2. LES VOUTES retombent du côté des murs, sur des cul-de-lampe représentant des personnages accroupis : au nord un individu jouant de la cornemuse avec une petite figure à côté de lui ; en face, sur le mur sud, un homme avec une bourse pendue à son cou, à ses côtés deux personnages lui mettent un doigt sur la bouche et avec l’autre main ont l’air de le peigner.
  3. LA NEF ET LES BAS-CÔTES primitivement romans, ont été refaits à plusieurs époques ; (les voûtes romanes étaient assez peu élevées). Avant 1838, les quatre travées de l’ouest (les plus proche d’ici) n’avaient pas de voûtes, la charpente était apparente due à un effondrement.
    On refit la voûte en consolidant les piliers avec du bois (fût de pitchpin : arbre résineux exotique) recouvert de stuc en 1839.
  4. VITRAUX : Ils ont été réalisés entre 1864 et 1873 (sauf bien entendu, le vitrail de l’absidiole centrale du déambulatoire qui est de 1966 et sont des dons de familles de Guîtres.
  5. LES TROIS TRAVEES encadrées de piliers ronds, sont à clef de voûte pendante du XVIème siècle. Le motif central de la dernière a été brisé. Elles sont éclairées par des fenêtres romanes en plein cintre.
    LES DEUX PREMIERS PILIERS ROMANDS AU NORD ont été restaurées en leur moitié en 1976 pour placer l’orgue.
  6. L’ORGUE : on le doit à un curé de Guîtres Paul Haverlan (1971 à 1984)
    Qui enthousiasmé par les qualités acoustiques de l’abbatiale mais aussi par son penchant pour la musique et le chant envisagea de faire construire un orgue digne de ce monument.
    Celui-ci a été inauguré le 23 avril 1978.
    il a été construit en 1976 par la manufacture Beuchet Debierre de Nantes.
    Il comprend 25 jeux et 1763 tuyaux.
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  7. LE CARRE DU TRANSEPT avait sans doute primitivement une croisée d’ogives dont il resterait les amorces en haut des trois piliers. Sur le carré fut élevé en 1613 un clocher romain.
    En 1819, parce qu’il compromettait la solidité de l’édifice ce clocher fut détruit et remplacé par un autre édifié à l’extrémité du bras du transept nord et la voûte fut remplacée par une coupole.
  8. LA COUPOLE fut ajourée d’un œil de bœuf en 1830 (colombe qui représente le St Esprit)
  9. LE CHŒUR majestueux rond-point, entouré d’un déambulatoire voûté en berceau brisé, est la partie la plus intéressante de l’édifice.
    C’est en 1960 que le curé Doyen M Henri David (homme lettré et déterminé entreprend la réalisation d’un projet qui le motive qui est de rénover l’intérieur de l’abbatiale.
    Il réussit magnifiquement dans son entreprise puisqu’en quatre ans le chœur est entièrement refait sous la conduite de la caisse des monuments historiques.
    Il a été entièrement remanié entre 1960 et 1965 d’après le plan original.
    - Reprise et consolidation des piliers, Chapiteaux réinventés à partir de cartons exprimant l’art bénédictin de sa plus grande pureté, Réfection des trois chapelles du déambulatoire et du somptueux déambulatoire roman avec sol rabaissé et parement dégagé de l’enduit.
  10. LA CHARPENTE (XVème)
    De la fin du XVème siècle, elle est exceptionnelle.
    Constituée de trois parties au-dessus de la nef principale et de chaque nef latérale.
    En forme de grande coque de bateau retourné, elle est en châtaignier et les fûts ont des longueurs inusitées et sont bien sur chevillés à l’ancienne, le bois provient de la forêt de la Double rendue célèbre par les fils de Charlemagne et Jacquou le Croquant. Les dimensions de cette charpente sont imposantes (50m de long, 14m de haut). Elle représente la moitié de la hauteur du bâtiment. On a l’impression saisissante de se retrouver sous la coque d’un ancien vaisseau de la royale avec ses marbrures et sa quille. Un couple de deux étais énormes maintient le faîtage parfaitement rectiligne. Les parties les plus anciennes dateraient de 1130-1135
    La charpente secondaire du chœur est malheureusement en mauvais état et réclame une réfection conséquente. En 1987-89 réfection totale de la toiture et rénovation complète de la charpente sous l’autorité de l’architecte en chef de la caisse des Monuments Historiques, l’adjudicataire de la charpente est un officier de la marine de la Rochelle qui reprit avec les mêmes procédés ancestraux la rénovation de cette exceptionnelle charpente qui a supporté depuis huit siècles de plein fouet les tempêtes amenées par les vents d’ouest dominants. La majorité des importantes pièces en bois ont 8 siècles d’age.
  11. LE TRANSEPT (NORD) voûté en berceau brisé, est à chevet droit.
    Chaque bras possède une absidiole en cul-de-four et est éclairé par des fenêtres romanes, la plus belle étant du côté nord au-dessus de la grande porte romane nord.
    Elle représente l’arbre de Jessé ou arbre généalogique du Christ.
    Dans ce même bras de transept, à remarquer les fonds baptismaux en forme de chapiteaux et près de la chapelle, une peinture : le baptême du Christ par St Jean Baptiste dans les eaux du Jourdain, œuvre du maître Roganeau, artiste bordelais auteur des fresques qui ornent le plafond
    LE BATEAU SUSPENDU fut offert en ex-voto (tableau objet ou plaque qu’on suspend dans une église ou un lieu vénéré, à la suite d’un
    vœu ou en mémoire d’une grâdu grand théâtre, il a été exécuté pour l’église de Guîtres en 1944 et offert par une famille locale.
    Au même Jean est dédié le vitrail dominant l’autel consacré à St Pierre.
  12. LE CARRE DU TRANSEPT
    Il avait reçu primitivement une croisée d’ogives dont il reste les amorces en haut des trois piliers. A cet endroit fut élevé en 1613 le premier clocher Roman. Au XIXème siècle, il fut remplacé par l’actuel, à l’extrèmité du bras du transept nord, et la voute en ogives fut remplacée par une coupole percée d’un eoil-de-bœuf représentant l’esprit Saint.